Conférence
Date : Mardi 6 mai 2025
Heure : 19h
Lieu : Place Bouvet – Espace Bouvet Salle Surcouf, Saint-Servan
Prix : 5 euros (prévoir l’appoint)
Réservation souhaitée par mail : Sel-malouin@orange.fr (avant le 4 mai)
Suzy Solidor : la chanteuse qui voulait tout oser
Suzy Solidor naît en 1900 à Saint-Servan, en Bretagne. Son vrai nom est Suzanne Marion. Elle grandit dans un milieu modeste. Son père abandonne la famille. Sa mère travaille dur pour élever sa fille. Suzy quitte vite la Bretagne. Elle veut plus grand. Elle veut Paris.
Dans les années 1920, Paris est en feu. Les artistes, les écrivains, les amants s’y croisent. Suzy Solidor débarque dans ce monde électrique. Elle est belle. Elle est libre. Elle est audacieuse. Elle n’a peur de rien.
Elle commence comme modèle. Elle pose pour des peintres célèbres. Elle fréquente les bars, les cabarets, les salons. Elle comprend vite que l’image est une arme. Elle décide de s’en servir.
Suzy Solidor chante. Elle a une voix grave, sensuelle. Elle n’a pas une grande technique, mais elle a du style. Elle s’impose par son charisme. Elle chante l’amour, l’ennui, le désir. Elle parle à ceux qui cherchent autre chose. Elle devient une icône lesbienne, sans jamais s’excuser.
En 1930, elle ouvre son propre cabaret : La Vie Parisienne, rue Sainte-Anne. Elle attire les célébrités. Jean Cocteau, Marlene Dietrich, Edith Piaf, Picasso : tous viennent l’écouter. Tous viennent la voir. Dans son cabaret, elle règne en maîtresse. Les règles, c’est elle qui les écrit.
Suzy comprend vite l’importance de l’image. Elle veut être immortelle. Elle a une idée folle : être peinte par tous les plus grands artistes de son temps. Elle demande à chacun un portrait d’elle. Jamais quelqu’un n’avait tenté ça avant.
Des dizaines de peintres répondent. Jean-Gabriel Domergue. Tamara de Lempicka. Francis Picabia. Raoul Dufy. Foujita. Picasso. Ils la peignent, chacun à sa manière. Parfois nue. Parfois majestueuse. Toujours fascinante. Suzy Solidor devient l’une des femmes les plus peintes du siècle.
Pendant la guerre, les choses se compliquent. Suzy reste à Paris sous l’Occupation. Elle continue à chanter. Elle se produit dans les cabarets. Elle fréquente des officiers allemands. Elle veut protéger son cabaret, sa vie, son monde. Elle n’a pas de convictions politiques fortes. Elle veut survivre.
Après la guerre, on lui reproche cette proximité. On la juge. Elle est brièvement arrêtée. Elle est condamnée à une « indignité nationale » mineure. Sa carrière ne s’en remettra jamais vraiment. Paris a changé. Le monde a changé.
Suzy ne se laisse pas abattre. Elle continue à chanter. Elle voyage. Elle s’installe à Cagnes-sur-Mer, sur la Côte d’Azur. Là, elle ouvre un nouveau cabaret : La Vie Parisienne, encore. Elle y expose ses portraits. Elle continue à séduire, à fasciner.
Dans ses dernières années, Suzy vieillit sans amertume. Elle sait ce qu’elle a été. Elle a aimé. Elle a vécu comme elle voulait. Elle meurt en 1983. Presque oubliée du grand public.
Mais son image, elle, reste. Ces portraits. Ces chansons. Cette manière de s’imposer, d’oser. Elle a ouvert des portes. Elle a montré qu’une femme pouvait choisir sa vie. Qu’elle pouvait aimer qui elle voulait. Qu’elle pouvait être maîtresse de son destin.
Suzy Solidor n’a jamais été une grande chanteuse. Elle n’a jamais prétendu l’être. Elle était autre chose : une icône. Un défi. Un miroir tendu à une société hypocrite.
Son plus grand talent ? Se créer elle-même. S’imposer sans demander la permission. Et surtout : durer.
Aujourd’hui, quand on regarde les portraits de Suzy Solidor, on voit une femme libre. Une femme qui a traversé les modes. Une femme qui n’a jamais baissé les yeux.
Suzy Solidor, c’était ça :
Un regard fixe.
Un sourire en coin.
Un refus de plier.